Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/174

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« Mon séjour prolongé dans la Plaine de la Santé, les soins de Salomée, qui n’a cessé d’être mon ange gardien et ceux de l’excellente Fleur-d’Ébène, vivandière modèle maintenant, m’ont enfin rétabli.

« M. Desmazures, notre chirurgien-major, me défend encore de sortir pendant le jour à cause de la chaleur, et pendant la nuit à cause de la fraîcheur de la rosée.

« J’en suis réduit à dix minutes de promenade immédiatement après le coucher du soleil.

« De nouvelles attaques de Siloulout me forcent bientôt à monter à cheval.

« M. de Marigny, notre major depuis que le chevalier est au Fort-Dauphin, m’accompagna dans la battue que nous fîmes à la poursuite des Navans. Tandis que ce violent exercice achevait de me rendre mes forces, il fut malheureusement frappé d’un violent coup de soleil ; les fièvres de Madagascar l’atteignirent, enfin j’eus la douleur de perdre cet excellent officier, à qui ses services avaient valu la croix de Saint-Louis, et qui m’avait jusqu’alors secondé dans mes opérations avec un admirable courage.

« L’enceinte de Louisbourg devenait trop étendue pour être gardée par le petit nombre de volontaires qui y restaient. J’y bâtis un fort que j’appelai Fort-Louis. Il est construit du meilleur bois de Madagascar, avec une triple palissade garnie d’une masse de terre formant talus et d’une banquette solide pour faire jouer les bombes. Les premières fortifications de Louisbourg en sont les travaux avancés. – Je laissai le commandement du Fort-Louis à M. de Vienne, lieutenant en premier, qui avait avec lui cinquante-six hommes et de bons sous-officiers. – Puis je me rendis à la Plaine de la Santé, où j’établis un immense marché pour la traite du riz, des bestiaux et du bois.

« Siloulout reparaît vers la fin de l’année. Je ne sais comment