Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/186

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acquis la certitude que je voulais le bien avant tout et pardessus tout. Ils s’engageaient donc à me servir dans leur propre pays et me priaient même d’établir un poste dans leur île.

« Ce comptoir, gardé par quelques-uns de nos invalides placés sous les ordres d’un créole de Bourbon qui m’a offert ses bons offices, est en voie de prospérité, et m’a déjà fourni de précieuses ressources. – Ainsi, par exemple, j’ai pu fréter pour les Îles-de-France et Bourbon des barques de Sainte-Marie, et, par l’intermédiaire des Zaffi-Hibrahim, renouer des relations commerciales plus nécessaires encore aux îles françaises qu’à Madagascar.

« M. de Ternay est bien forcé de fermer les yeux. J’ai donc été en mesure de me fournir des objets d’armement et d’équipement les plus indispensables. Nos prises sur les rebelles, dont les troupeaux et les récoltes tombèrent en mon pouvoir, furent avantageusement troquées. Mes soldats, habillés, payés, bien nourris et bien couchés, recouvrèrent leur moral.

« J’osai expédier le Desforges à Bourbon pour y faire quelques recrues ; mais il ne me ramena que quatre aventuriers d’assez mauvaise mine. Je les expédiai sur-le-champ au Fort-Dauphin, en priant notre ami Du Capricorne de nous envoyer quelque renfort s’il le pouvait. – Je vous ferai remarquer, par parenthèse, qu’à Bourbon le Desforges ne fut pas inquiété comme je l’avais craint.

« Messieurs de Ternay et Maillant du Mesle, éclairés sur leurs véritables intérêts, commenceraient-ils donc à comprendre qu’il leur importe de ne plus entraver mes opérations ?

« Quoi qu’il en soit, la guerre contre les Sakalaves étant indéfiniment ajournée, je pus reprendre le cours de mes opérations pacifiques, fonder des comptoirs, établir des postes, contracter d’utiles alliances avec les rois et les chefs des diverses