Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/196

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la baie Massahéli jusqu’au cap Saint-André. Il ne doit pas être confondu avec l’ancien pays des Seclaves (sakalaves), qui se prolonge beaucoup au-delà vers le Sud et ne dépend plus du même Prince.

« L’autorité du roi, tel est son titre immémorial, est absolue et despotique ; tous ses sujets sont ses esclaves, et les chefs qui gouvernent les différentes provinces sont nommés par lui. Leurs propriétés et leurs vies sont en ses mains. Il a toujours sur pied une armée de trois mille hommes. Sa puissance, dont il abuse souvent, le rend formidable à son malheureux peuple, qui le hait mortellement.

« Les Arabes des îles Johanna (Anjouan), Comoro (la grande Comore) et Mayotto (Mayotte), avaient établi à Maronvaï (aujourd’hui Mouzangaye), capitale des Seclaves, un comptoir garni en tout temps d’effets et de marchandises, consistant en toiles de Surate, peignes, bracelets d’argent, boucles d’or, rasoirs, canifs, chapelets de verre, etc., qu’ils échangent contre des fourrures, de l’encens, du benjoin, de l’ambre, de la cire et diverses essences de bois.

« La facilité que le roi des Seclaves trouve dans le commerce avec les Arabes, celle qu’il a eue jusqu’ici d’obtenir des armes, de la poudre à canon et de l’eau-de-vie des vaisseaux particuliers qui abordent à Madagascar, et les tributs qu’il se faisait payer par diverses provinces de la côte orientale, sont autant de motifs pour qu’il soit ennemi de notre établissement et ne veuille pas d’un commerce direct avec les Français. Peut-être aussi les Arabes lui ont-ils, par jalousie, inspiré des sentiments hostiles.

« Mais depuis mon arrivée, toutes les provinces de la côte orientale ayant secoué le joug et n’achetant plus à Boyana ni armes ni munitions, les Seclaves ne peuvent manquer de succomber.