Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/209

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Siloulout tombe frappé de mort en criant :

— Dian Bilis est vainqueur !…

Rafangour, Raoul, Ciévi, Dian Rassamb arrivent, alors trop tard pour être utiles, car tous les Sakalaves ont pris la fuite. – Le troisième camp vient d’être abandonné sans résistance.

Les vaincus répétant et dénaturant le cri de désespoir du philoubé Siloulout disaient et répétèrent dans tout le royaume de Boyana que ce n’était les blancs, ni leurs alliés qui les avaient écrasés, mais des démons sortis de l’enfer.

La victoire était complète, malheureusement elle ne terminait pas la guerre. – Il fallait soumettre les Sakalaves aux lois acceptées par les chefs de la côte orientale, fonder des postes et des comptoirs sur leur littoral, rétablir le roi Rozai à Bombetoc, dominer dans l’importante ville de Mouzangaye, et conduire à bon terme les opérations de la campagne. Béniowski, pansé par le chirurgien Desmazures, donnait des ordres en conséquence. Les alliés étaient autorisés à poursuivre les fuyards, mais les troupes régulières s’établiraient dans les camps abandonnés par l’ennemi jusqu’à ce que M. de Malandre, chef de la deuxième division, eut ramené à travers la forêt le convoi et le matériel laissés dans la première savane.

Ces ordres allaient être exécutés, lorsqu’un messager du capitaine Venturel, commandant provisoire de Fort-Louis, remit au général une dépêche secrète et pressante.

La douleur que lui faisait éprouver la grave blessure, dont il devait se ressentir jusqu’à la fin de ses jours, n’avait pu altérer la sérénité de ses traits ; – à la lecture de la dépêche, il pâlit et avec une amertume poignante, il dit à demi-voix :

— Je suis trahi, Salomée !… Je suis vaincu !