Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/211

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de Béniowski pour le ministre, en avait rapporté, avant de remettre sous voiles, la lamentable nouvelle que la frégate du roi la Consolante, montée par le capitaine de vaisseau baron de Luxeuil allait conduire à Madagascar deux commissaires du roi, chargés de retirer à Béniowski le commandement des établissements fondés sur la Grande-Île.

En d’autres termes, les réclamations incessantes de M. de Ternay, les intrigues de l’habile Sabin Pistolet de Pierrefort, présentement fournisseur général de son compère le premier commis Audat, les vieilles et les nouvelles calomnies répandues en cent endroits divers par les ennemis acharnés de Béniowski, recueillies et propagées par des indifférents au nombre desquels se trouvaient des hommes d’un éclatant mérite ; enfin, les pamphlets acrimonieux de l’intendant Maillart et les mémoires du capitaine Frangon avaient triomphé à la cour. L’œuvre de Béniowski, entreprise pour la France, avec les plus braves aventuriers français, était anéantie au moment même où son avenir devenait certain.

Si, profitant de sa victoire, le général avait pu donner suite à son plan de campagne, il devait marcher sur Bombetoc, capitale de Boyana, y rétablir le roi Rozai, s’emparer de Mouzangaye et y laisser une forte garnison ; puis, remontant vers le nord, opérer sa jonction avec les navires à ses ordres, c’est-à-dire le Coureur, l’Aphanasie et le Desforges ; acheter l’île Nossi-Bé, pour la possession de laquelle il avait déjà entamé des négociations vers la fin de l’année précédente ; fonder un fort sur le cap Saint-Sébastien, jadis occupé par une des bandes de pirates de la Providence, et, enfin, créer une petite colonie au cap d’Ambre, le plus septentrional de Madagascar.

La communication alarmante de Venturel l’en empêcha. Ce fut en vain que le major Vincent du Capricorne parla chaudement de la guerre.