Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/212

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— Ami, lui dit Béniowski, je suis au service du roi de France ; je lui ai prêté serment de fidélité ; il m’envoie des commissaires spéciaux. Ces mandataires, fussent-ils chargés d’ordres iniques, me trouveront obéissant et résigné jusqu’à ce que je leur aie remis ma démission, puisque c’est là ce qu’on semble vouloir.

— Encore de la vertu !… murmura le major. Vous êtes donc incorrigible, mon général !

Le rappel de Béniowski à Louisbourg devait avoir pour les Sakalaves d’épouvantables conséquences. – Le général ne put les recevoir à composition ni les traiter avec sa douceur accoutumée. Les alliés de son armée régulière, se ruèrent dans le pays, s’y livrèrent aux plus affreux excès, pillèrent, égorgèrent, toujours au nom de Béniowski et des Français. Une des plus farouches tribus alliées dévasta Bombetoc, saccagea les établissements des Arabes et brûla dans le port le Sanglier-Batave, dont le capitaine Scipion-Marius Barkum parvint, pourtant, à prendre le large, à bord d’une chaloupe que recueillit en mer un navire de guerre de sa nation.

Au cap de Bonne-Espérance, le gouverneur hollandais le désavoua, et à Rotterdam, la compagnie hollandaise lui fit son procès. Condamné à payer de ses deniers le Sanglier-Batave et sa cargaison, ruiné, insolvable, déconsidéré et repoussé par ses propres parents, il s’embarqua sur un bâtiment anglais qui se rendait à la Nouvelle-Angleterre, dont Washington venait de proclamer l’indépendance. Là, Scipion-Marius Barkum, maigre, sec et pâle à faire pitié, entra au service d’un armateur de Baltimore et se fit naturaliser citoyen des États-Unis d’Amérique.


Après huit jours d’attente cruelle et de réflexions navrantes, le capitaine Venturel poussa un soupir amer.

La frégate la Consolante, au nom cruellement ironique, toutes