Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/232

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— Halte-là !… s’écria le chevalier.

— Non ! non !… nous vous suivrons tous !…

— Merci ! merci, mes camarades ! mais vous êtes liés par vos serments au service du roi de France…

— Non, nous sommes enrôlés dans la légion Béniowski, sous le colonel Béniowski, pour servir selon ses ordres à lui Béniowski… Plus de Béniowski ! plus de légion ! Nous voulons être licenciés !…

— Mordious ! Flèche-Perçante de mes petits boyaux, ça va sur des roulettes… Fais-moi donner à boire et à manger, je meurs d’inanition.

— Le docteur a dit…

— Madame la chevalière, je me moque du docteur, j’ai grand appétit, ma rate est dilatée, je veux reprendre mes forces, ça presse !… Une bosse de bœuf grillée ferait assez bien avec une bonne bouteille de vin du Cap !

Béniowski terminait en ces termes :

— Chef des Malgaches, mes vœux pour une paix durable entre les deux nations seront les mêmes… Plaise à Dieu que les traîtres, qui ont fait échouer mon entreprise, ne rallument point la guerre !… Ô mes amis de Madagascar ! lorsque je serai hors de ce fort, lorsque vous m’aurez recueilli parmi vous, votre patrie sera ma seule patrie, votre drapeau mon seul drapeau !…

Dès que les chefs et représentants des nations de Madagascar furent sortis du Fort-Louis en chantant l’hymne populaire de Ramini, les rangs des soldats furent rompus. Des groupes où s’agitait la question capitale se formaient, et de toutes parts, officiers, sous-officiers ou soldats répétaient avec chaleur :

— Nous ne l’abandonnerons pas !

La comtesse demandait alors à son mari :