Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/234

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La blessure du général était cicatrisée, il envoya le major Venturel à bord de la Consolante où MM. de Bellecombe et Chevreau avaient chaque jour reçu le bulletin officiel de sa santé.

La vérité s’était faite enfin dans l’esprit de messieurs les commissaires du roi ; ils voyaient clairement que Béniowski avait été la victime des intrigues incessantes de ses nombreux ennemis.

— Je suis désolé, disait le maréchal de camp de Bellecombe à son collègue, de n’avoir que des pouvoirs restreints, dictés par un esprit hostile, – très étendus pour détruire l’ouvrage du comte de Béniowski, – nuls pour le consolider et le rendre profitable à la France.

— Remplissons notre mission à la lettre, répondait M. Chevreau, qui craignait avant tout d’hériter des inimitiés de MM. de Pierrefort, Audat, Maillart et autres, gens impitoyables comme le prouvait bien leur conduite.

Le général de Bellecombe n’insista plus. Il se réservait d’adresser au ministre un rapport impartial, équitable, loyalement élogieux.

Dès le lendemain, les commissaires du roi, accompagnés d’un nombreux état-major et d’un peloton de soldats de marine fourni par la Consolante, se dirigèrent vers le Fort-Louis, dont les portes étaient fermées.

Béniowski, en grand uniforme, entouré de ses officiers sans troupes, se tenait sur la courtine de la porte Royale. La garnison était sous les armes.

— Qui vive ? cria la sentinelle.

— France ! répondit le major Venturel.

— Qui vive ? demanda le major du Capricorne qui s’avançait pour reconnaître.

— Commissaires du roi ! répondit Venturel.