Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/235

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— Au nom du roi, ouvrez ! commanda Béniowski tirant son épée.

Le pont-levis s’abaissa, les tambours battirent aux champs, l’artillerie fit une salve de vingt et un coups de canon.

Les clefs de la place, posées dans un bassin d’argent aux armes de France, étaient portées par le jeune lieutenant Alexandre de Nilof et gardées par un peloton de vétérans que commandait l’adjudant Franche-Corde.

— Monsieur le maréchal de camp, dit Béniowski, j’ai l’honneur de vous rendre cette place et toutes ses dépendances, ainsi que le commandement des troupes jusqu’à ce jour sous mes ordres.

— Colonel, répondit M. de Bellecombe, je ne recevrai point ce dépôt précieux sans vous avoir hautement félicité, au nom du roi, des talents et du noble courage dont vous avez fait preuve à son service.

Les clefs passèrent entre les mains d’un officier de la suite des commissaires royaux qui inspectèrent les troupes, mornes, silencieuses, évidemment mécontentes, mais qui avaient promis à Béniowski de ne donner aucune marque d’improbation tant qu’il serait dans le fort. Les commissaires visitèrent les fortifications et magasins d’approvisionnements, après quoi, ils entrèrent dans le pavillon du commandant.

La comtesse et les gens de la maison se tenaient prêts à partir ! Déjà deux fourgons, remplis d’objets mobiliers, étaient attelés dans la grande cour.

M. Chevreau dit alors à Béniowski que l’examen de ses comptes ne laissait rien à désirer, et lui fit remettre un coffret contenant la somme de quatre cent cinquante mille francs. Une courte collation fut servie.

Enfin, Béniowski se leva.