Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/262

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— Eh quoi ! après sept ans, s’écria le vicomte avec douleur.

— Maurice n’a qu’une parole ! répondit la comtesse brisée par les longues tortures qu’elle avait supportées depuis son retour en Europe. – Ah ! plût à Dieu, poursuivit-elle, que j’eusse tenu le langage de M. le chevalier Vincent du Sanglier ! Il ne voulait pas, lui, que nous partissions de Madagascar…

— Oh ! par pitié pour vous-même, madame la comtesse, n’entreprenez pas ce voyage. J’irai, moi, conduire Wenceslas à son père… votre santé est détruite…

— Je ne demande à Dieu, répondit Salomée, que de pouvoir arriver jusqu’à Baltimore. La religion m’en fait un devoir. Seule je puis ramener la paix dans le cœur de Maurice aigri par trop de persécutions. Mes dernières paroles seront son salut dans ce monde et dans l’autre. C’est par elles que nous serons réunis dans l’éternité !

Salomée, à ces mots, leva les yeux au ciel en faisant le signe de la croix.

Sa résolution était inébranlable.

Aphanasie fondit en larmes, la petite Augustine de Chaumont-Meillant embrassait Wenceslas en pleurant et en jetant des cris.

Ne pouvant maîtriser sa douleur paternelle :

— Ma fille Salomée est perdue pour nous tous ! s’écria Casimir Hensky.

Sa cruelle parole et celle de Salomée elle-même ne se réalisèrent, hélas ! que trop.

Huit jours à peine après son arrivée à Baltimore, la comtesse de Béniowski rendit le dernier soupir entre son mari et son fils Wenceslas.

Elle périt victime des injustices qui n’avaient cessé de poursuivre son noble époux depuis la guerre de Pologne jusqu’aux