Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/261

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il avait mouillé à l’Île-de-France ; il s’y était enquis de la situation de Madagascar. Il y apprit que les Anglais ayant voulu se ravitailler sur la côte méridionale, en avaient constamment été repoussés par les gens d’un certain aventurier français s’intitulant Capricorne Ier, roi d’Anossi, Carcanossi, Machicores, etc., etc.

Ce prétendu monarque, ajoutaient les habitants, s’était emparé du Fort-Dauphin par ruse, mais y laissait flotter le pavillon blanc du côté de la mer. En dernier lieu, il venait de couler une frégate anglaise, dont il avait renvoyé l’équipage à l’Île-de-France.

Suffren expédia sur-le-champ un aviso à Sa Majesté Capricorne Ier, pour le féliciter au nom du roi et lui faire délivrer un brevet régulier de commandant de la place.

Ces faits étaient connus du ministère anglais, lorsque Béniowski se présenta, fut soupçonné d’être un agent de la France et jeté sur un ponton, où il fut traité en prisonnier de guerre.

La paix signée à Versailles le 9 février 1783, lui rendit la liberté.

Sur les pontons, il s’était lié avec plusieurs officiers des États-Unis d’Amérique. Ne sachant plus où trouver asile en Europe, il partit avec eux sur le navire qui devait les rendre à leur jeune patrie.

En même temps il écrivait à sa femme :


« Je pars pour Baltimore avec le fidèle Vasili qui a voulu partager ma captivité. – La fin de la guerre doit laisser aux États-Unis une foule de hardis partisans qu’il me sera facile d’enrôler pour Madagascar. – Réalise notre fortune, amène-moi notre fils, et dis à nos amis de prier Dieu pour ton époux.

« Maurice-Auguste ».