Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/264

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en mission dès l’année suivante, 1776, mais il ne prit pied dans la baie d’Antongil, d’où il se rendit au Fort-Dauphin, que dans le cours de 1779.

— Vous protégerez les missionnaires catholiques, avait dit Salomée, et, de leur côté, ils vous préserveront des poursuites injustes des Français.

— Dieu vous entende et nous soit en aide ! répondit l’ampancasabe, roi des rois de Madagascar, fort peu jaloux d’être jamais souverain indépendant, et qui eût été mille fois plus satisfait de régner sous le protectorat de la France, grâce à l’action des missionnaires catholiques.

Mais trop de longues années s’étaient écoulées depuis son élection et son départ de la grande île. Son énergie n’avait pas diminué, sa vigueur était toujours la même, il avait à peine quarante-quatre ans et il s’était raffermi dans toutes ses résolutions ; cependant, chose indéniable, il allait se précipiter à tous hasards dans la plus téméraire des entreprises.


La sœur de Vasili, Barbe, renvoyée en France, devait rapporter à Chaumont-Meillant et au château des Opales la nouvelle fatale de la mort de sa maîtresse ; elle y annonça, en même temps, que M. le comte s’occupait déjà de l’armement d’une petite expédition destinée pour le havre de Saint-Augustin sur la côte occidentale de Madagascar.

Richard, Aphanasie et leur fille Augustine avaient le deuil dans le cœur.

— Et lui aussi court à sa perte ! s’écria le vicomte avec amertume.

— Richard ! Richard ! dit Aphanasie, l’abandonnerons-nous à sa destinée ? Nos cœurs se sont-ils donc refroidis !… Béniowski fut un père pour moi, pour toi un frère… Et Wenceslas nous est cher comme un fils !