Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/267

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çais de l’autre ne s’étaient emparés des affaires, je crois qu’il y aurait là un débouché sérieux, ne serait-ce qu’en munitions de guerre et articles d’équipement.

L’expédition, ajournée depuis six mois, fut enfin résolue. L’Intrépide mit sous voiles.

Avant le départ, l’équipage et un petit corps de volontaires de toute nation, Français, Hollandais, Américains du Sud, Espagnols ou Danois racolés par Vasili, prêtèrent serment de se soumettre à l’autorité absolue du général.

L’Intrépide, retardé dans sa marche par le calme et les brises contraires, se trouva en vue des côtes du Brésil au mois de janvier 1785.

Dix fois le navire fut sur le point de se perdre corps et biens. L’équipage et les volontaires murmurèrent.

Une révolte éclate au milieu de la tourmente ; les rebelles veulent retourner aux États-Unis ; ils maudissent le téméraire général qui s’obstine à louvoyer dans des eaux hérissées d’écueils. Scipion-Marius Barkum se montre faible et presque hostile. Béniowski, son fils Wenceslas et Vasili, à eux trois, tiennent tête aux mutins.

Tout à coup le navire talonne. – Un cri de rage sort de toutes les poitrines.

Le général décharge ses pistolets sur les révoltés, place Barkum à la place du gouvernail, et commande une manœuvre hardie, car il fait ouvrir toutes les voiles à une brise furieuse.

Les matelots terrifiés obéissent. Les volontaires courent aux pompes.

Avant le coucher du soleil, l’Intrépide mouillait à l’abri d’une petite île, près de l’embouchure de la rivière Amargoza, sous le cinquième degré de latitude sud, à une trentaine de lieues dans l’ouest du funeste cap Saint-Roch, à trente-cinq ou quarante lieues de Natal, ou Cidade dos Reyes, – petite ville forte