Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/268

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qui joua un grand rôle pendant les guerres des Hollandais contre les Portugais au Brésil, et dont les armes sont une éma ou plutôt une autruche, symbole des déserts sablonneux qui l’environnent.

Les bords de l’Amargoza, quoique moins arides, n’offraient aux navigateurs que de faibles ressources. – L’indiscipline des volontaires se manifestait à chaque instant ; la mauvaise volonté de Scipion-Marius Barkum devenait évidente. Près de la moitié des matelots ou soldats désertèrent ; les sauvages Tobaxares attaquèrent Béniowski dont la fermeté surmonta pourtant tous les obstacles.

Son navire réparé est prêt à mettre sous voiles ; un nouveau danger se présente.

Averti par les indigènes de la longue station d’étrangers sur la côte du Rio-Grande, le gouverneur portugais de cette province envoie une corvette les sommer de se rendre à discrétion.

Béniowski appareille pour toute réponse.

Le capitaine portugais ouvre le feu ; Béniowski, forcé de livrer combat, riposte par une bordée à démâter qui arrête la marche de son adversaire. L’Intrépide prend chasse et l’équipage enthousiasmé pousse des cris de triomphe en renouvelant ses serments de fidélité.

— Mauvaise troupe ! murmure Vasili avec découragement. Ne me parlez pas d’une bande de gens de tous pays comme ces prétendus Américains du Nord qui sont de partout, excepté du nord Amérique.

Wenceslas, qui avait alors seize ans à peine, s’était toujours vaillamment comporté, mais il manquait de l’insouciance aventureuse de son âge ; respectueusement soumis aux volontés du comte de Béniowski, son père, dont il ne partageait pas l’ambition, il regrettait la France, où s’étaient passées ses cinq dernières années.