Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/271

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La frégate de quarante canons la Pourvoyeuse, montée par le capitaine de vaisseau Raymond du Breuil et le commandant d’infanterie Magloire, mouilla dans l’anse Dauphine peu de jours après. La consternation régnait en ce moment dans le fort. Le bruit y courait que Capricorne Ier avait été massacré par les Buques, et que des hordes redoutables de ces sauvages s’abattaient sur la province d’Anossi.

Capricorne Ier, parti depuis six mois avec ses meilleures troupes, sa femme, ses enfants, ses vétérans et la plupart des rohandrians des alentours, s’était sans doute engagé trop avant dans le pays des barbares ; son armée était taillée en pièces ; les Buques avaient usé de représailles.

Les habitants, fidèles alliés de la France, demandaient à être protégés contre leur invasion :

— De temps immémorial, disaient-ils, le fort était français ; depuis plus de sept ans, ils n’avaient eu que des relations amicales avec les colonies françaises et ne désiraient que de voir continuer ces excellents rapports.

La tâche des officiers du vicomte de Souillac se trouvait singulièrement simplifiée. Les rares soldats qui gardaient le fort en ouvrirent les portes à la nouvelle garnison et reconnurent M. Magloire pour commandant au nom du roi Louis XVI.

La Pourvoyeuse, poursuivant sa campagne, visita les postes secondaires, et y fit arborer le pavillon blanc sans la moindre résistance, car Maurice-Auguste Râ-amini n’ayant pas reparu, le drapeau bleu cessait d’avoir aucune signification.

Au fort Saint-Augustin, les choses se passèrent autrement.

Repoussé par les Buques, par les Sakalaves du midi et par les Arabes, jaloux de maintenir leur influence sur l’ouest de Madagascar, Capricorne Ier avait, en effet, perdu une grande bataille. Mais le point du ralliement général donné à ses alliés et à ses compagnons était la baie de Saint-Augustin. En attendant