Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/270

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ment attirés à l’Île-de-France par l’intendant Maillart. Non ! il n’est pas du sang de Ramini !…

La guerre civile éclata dans le Nord.

Tous les établissements et postes français, tolérés jusqu’alors aux alentours de la baie d’Antongil, où M. de Ternay avait envoyé quelques troupes, furent attaqués et détruits ou abandonnés, tandis qu’au contraire, les Zaffi-Hibrahim de Sainte-Marie acceptaient le protectorat de l’Île-de-France, et que le roi de Foule-Pointe ménageait, dans l’intérêt de son commerce, les traitants fixés sur son territoire.

L’unité fondée par Béniowski œuvre admirable, résultant de trois années d’efforts, était anéantie.

Capricorne Ier se maintint dans le sud ; mais après la paix de 1783, lorsque le pavillon victorieux de Suffren cessa de flotter sur la mer des Indes, le commandant Frangon, l’un des habitants considérables du Port-Louis, Stéphanof, toujours animé par sa haine invétérée contre Béniowski et les siens, avait reconquis toute son influence dans le conseil colonial.

M. le vicomte de Souillac, qui succédait à M. de Ternay dans le gouvernement des Mascareignes, prêta l’oreille à ses habiles calomnies.

« Un bandit insigne, une sorte de pirate, aventurier de la pire espèce, ancien complice de Béniowski, régnait au Fort-Dauphin et osait y faire flotter son drapeau bleu à côté du pavillon du roi. – N’était-ce point intolérable ? »

Alors, le temps, qui donne si souvent au mensonge le poids de la vérité, avait consacré comme des faits incontestables toutes les erreurs accréditées par les nombreux ennemis du général. Le vicomte de Souillac résolut de régulariser la situation du Fort-Dauphin, où il envoya tout d’abord deux officiers prudents et habiles, pourvus des pouvoirs nécessaires pour agir, s’il y avait lieu, avec une promptitude énergique.