Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/288

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tain nombre d’officiers ou de soldats qui tout à l’heure s’avançaient contre lui les armes à la main.

S’adressant au vicomte et à la vicomtesse de Chaumont-Meillant, Béniowski eut encore la force de dire :

— Mes amis !… je vous lègue mon fils !… Défendez ma mémoire… et priez pour mon âme !

À ces mots expira, dans sa quarante-sixième année, le comte Maurice-Auguste de Béniowski, « homme d’un courage invincible, a dit l’éditeur de ses mémoires, accoutumé aux calamités et à faire face aux plus grands dangers avec une fermeté presque sans exemple. À ces grandes qualités, il joignait une profonde connaissance du cœur humain. La nature, l’éducation et l’usage lui donnèrent au plus haut degré le talent de persuader, de commander aux hommes et de les réprimer ; sa destinée lui fournit de nombreuses occasions d’exercer cette puissance vraiment extraordinaire.

« Les opinions sur son caractère sont singulièrement partagées, et les accusations intentées contre lui sont du genre le plus odieux. Ses ennemis l’ont représenté comme un tyran insensible, comme un brigand sans principes. – Cependant, on peut voir que dans le cours de sa vie, il n’a manqué ni d’admirateurs zélés, ni d’amis chauds prêts à se sacrifier pour le servir, en dépit de la calomnie. – Si on me demandait quelle est mon opinion particulière, je déclarerais que je n’ai vu contre lui aucune allégation qui ne soit susceptible d’une interprétation en sa faveur, ou qui, sans parler des contradictions, n’ait été écrite par des hommes intéressés à le noircir. »

Après de longues hésitations, les historiens influencés par la relation des voyages du capitaine Cook, par celle du voyage de La Pérouse et par les pièces provenant du gouvernement de l’Île-de-France, ont enfin rendu pleine justice à la valeur et aux talents du héros de ce récit. – Sa loyauté ni ses