Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/29

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de son dévouement, lui révèle le lieu de destination de son maître et lui facilite les moyens de le rejoindre au Kamchatka.

Mais avant de quitter Tobolsk, Vasili confie à un juif d’Archangel la mission délicate d’instruire la comtesse de Béniowski du sort de son époux.

— « Une fortune, lui dit-il, sera sa récompense si le message est remis en main propre. »

Cent roubles d’or sont donnés d’avance à cet émissaire.

Une seule chance ne saurait suffire au zèle de Vasili : un marchand arménien, un sottnik de Kosaques du Don reçoivent de lui même promesse et même avance.

Il part alors à la suite d’un convoi dirigé sur Bolcha, où, sans trop de retards, il comparaît enfin devant un officier de police, qui s’écrie avec stupéfaction :

— Vous venez volontairement au Kamchatka pour y servir votre ancien maître ?

— J’ai pensé que mon général risquait de manquer d’un bon domestique ; c’est si rare en tous pays.

— Mais le Kamchatka, mon ami, est un climat affreux.

— Je ne m’en suis pas aperçu jusqu’à présent.

— Vous êtes donc bien préoccupé ?

— Je suis Hongrois de naissance et Polonais d’origine.

— Votre réponse n’a pas le sens commun.

— Monsieur est trop bon.

— Trop bon ! vous êtes le premier à me le dire.

— J’espère bien ne pas être le dernier.

— Vous avez beaucoup d’esprit, mon garçon ; nous n’aimons pas cela dans notre gouvernement.

— Monsieur le commissaire me juge avec sévérité ; mon oncle Jonas m’a toujours dit que j’étais un imbécile.

— Au fait ! répartit l’officier de police, s’exiler soi-même…