Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/30

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venir en Sibérie… quitter l’heureux climat de la Hongrie pour le nôtre !…

— Je vois avec plaisir que Monsieur est de l’avis de mon oncle. Donnez-moi, s’il vous plaît, l’adresse de mon maître.

— Votre maître est un vil esclave, relégué au village Crustieu.

Vasili eut assez d’empire sur lui-même pour supporter sans colère apparente l’odieuse qualification décernée à l’ancien général polonais, et, grâce à son calme ne tarda point à se trouver en présence de son maître :

— Monsieur le comte, lui dit-il, je vous apporte votre nécessaire de voyage.

— Vasili ! mon frère de lait ! mon ami !… s’écriait Maurice en lui ouvrant les bras.

L’impassible Hongrois se laissa faire avec un certain orgueil ; mais, s’apercevant presqu’aussitôt du délabrement des vêtements de son général :

— Je n’ai oublié le fil ni les aiguilles, et monsieur le comte sait que je m’entends un peu à tout.

— Mais raconte-moi ton histoire, donne-moi des nouvelles de ma femme et de mon ami le vicomte de Chaumont.

— Tout en réparant la polonaise de M. le comte, s’il veut bien me le permettre !

Si Béniowski ne l’eût permis, aurait-il jamais eu de détails sur le sort de la comtesse et sur les généreuses intentions de Richard, désormais parfaitement renseignés, car deux des émissaires chargés de porter au château des Opales la nouvelle de sa déportation au Kamchatka étaient parvenus à s’acquitter de leur message.

Sur la proposition du vicomte de Chaumont, Salomée, pleine de confiance en sa loyauté, partit avec lui pour Paris dans le dessein d’y solliciter l’appui de la reine de France, parente de