Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/318

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Français furent confisqués, tous nos intérêts furent lésés systématiquement, nos droits les mieux fondés furent violés au mépris de toute justice ; les peuples qui comptaient sur notre protectorat furent molestés, nos possessions acquises en vertu de traités d’une régularité parfaite furent envahies, les Hovas y arborèrent leur pavillon, ils échelonnèrent des postes sur notre territoire. Nos missionnaires eurent fort à souffrir. Depuis le 8 août 1855 où le R. P. Finaz célébra la messe à Tananarive, en présence du prince Rakout qui devint Radama II, depuis que les pères Jésuites appelés à Madagascar pour y reprendre l’œuvre de la propagation de la foi, avaient pu, en dépit des obstacles renaissants chaque jour, évangéliser, convertir, fonder des églises, baptiser et grouper des néophytes fervents, ils avaient jusqu’à la fin de 1882 miraculeusement progressé[1]. Mais le 25 mai 1883, à la nouvelle des hostilités, inévitables conséquences des procédés des Hovas, ils furent cruellement expulsés ; deux nouveaux martyrs le P. Gaston de Batz et le F. coadjuteur Martin Brutail expirèrent sur la plage de Mananjary les 27 et 28 juillet.

Le 13 du même mois, la reine Ranavalo II était morte et une jeune princesse, veuve depuis peu, qui lui a succédé sous le nom de Ranavalo III, s’est, en montant sur le trône, formellement prononcée pour la guerre :

« Ni moi non plus, a-t-elle dit, je ne permettrai jamais aux Français d’acquérir, de la terre que j’habite, la valeur d’un grain de riz[2]. »

La France, poussée à bout, s’était donc décidée à recourir aux moyens extrêmes. Le 16 du mois de mai, l’amiral Pierre s’était emparé de Mazangaye sur la côte Nord-Ouest, et le 10 juin, après avoir bombardé Tamatave, il en a définitivement repris possession le 11.

Ici commence une phase nouvelle.

La France fera-t-elle les sacrifices et déploiera-t-elle les forces nécessaires pour établir son protectorat sur tout ou partie de la Grande Île de Madagascar ? Aura-t-elle bien la sa-

  1. Voir H. D’Escamps, Hist. de Madagascar, p. 302.
  2. Le P. De La Vaissière, Hist. de Madagascar, T. II, p. 433.