Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/35

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— Mais le Kamchatka est au bout du monde.

— J’en suis presque à moitié chemin.

— Mais les Russes ne se laisseront pas enlever leurs prisonniers sans montrer les dents.

— C’est pourquoi les dix canons que vous avez ici et les cinquante soldats de votre garnison feraient parfaitement notre affaire.

— La nuit porte conseil, dit le chevalier en frisant sa moustache. Parlez-moi de Paris.

— Volontiers.

— Le vicomte, avec son entrain ordinaire, donna au chevalier du Capricorne les plus amples détails sur Paris, Versailles, la cour et la ville.

— Par la sambleu ! mon officier ! interrompit Vincent en vidant un large verre de sangris au rhum, j’ai grande envie de vous suivre au Kamchatka, ne serait-ce que pour jouir de votre aimable conversation.

— Topez là, camarade ! mais vos canons ?

— Je vous en prête six.

— Vos soldats ?

— J’en laisserai la moitié de garde par ici, en attendant notre retour, sous les ordres de Franche-Corde, mon sergent-major ; j’emmène avec nous les moins frileux Sans-Quartier, Jambe-d’Argent, et cætera ! Seulement, foi de gentilhomme, jurez-moi de me ramener à Madagascar.

— Si la Douairière veut bien nous rester fidèle, je le jure !… Votre sangris est parfait !… Mais faisons, s’il vous plaît, plus ample connaissance. Un petit bout de votre histoire me serait fort agréable.

— Vous êtes charmant, parole de soudard ! Eh bien ! quoique je sois tout ce qu’il y a de plus gascon, ne prenez point ceci pour des gasconnades.