Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/39

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Or, ce bruit parvint aux oreilles du vénérable évêque de Mitélopolis, supérieur général des missions catholiques, au moment où il venait de donner audience à quelques missionnaires, récemment arrivés du midi de l’île de Formose sur une barque frétée à leurs frais. – L’évêque en fut vivement ému.

Accompagné d’une suite nombreuse, il se rendit sur le champ à bord de la frégate française, où il fut reçu avec tous les honneurs dus à son rang ; mais, ne prenant aucun souci de l’étiquette navale :

— Monsieur le commandant, dit-il d’une voix tremblante dès qu’il fut sur le pont, je viens à vous pour une affaire de la plus grave importance, et vous adjure, au nom du ciel, de m’accorder une audience secrète.

Un jeune adolescent, que le prélat amenait avec lui, fut cependant admis à la conférence, qui se prolongea durant trois heures.

Ensuite l’évêque de Mitélopolis, le front serein, l’œil rayonnant d’une douce joie, donna sa bénédiction à l’équipage avant de redescendre à terre. – Et le capitaine Cerné de Loris appareilla, laissant la direction par intérim de la station navale à M. de Saint-Hilaire, officier distingué de la Compagnie française des Indes, pour laquelle il commandait le vaisseau le Dauphin.

L’Aréthuse, qui avait levé l’ancre avec tant de précipitation, ne s’éloigna pas des côtes. Elle établit sa croisière à peu de distance de l’embouchure du fleuve de Canton, ce qui surprit singulièrement tous les membres de l’état-major et tous les gens de l’équipage.

— Je gage, moi, disait à ce sujet le père Trousseau, l’un des fins matelots du bord, que nous sommes ici en faction par rapport à quelque satanée farce de Nathan-la-Flibuste

— Béniowski, ajouta un commentateur.