Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/45

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lieutenant ; votre détention préventive ne doit pas être une torture ; vous allez recevoir des matelas. Vous serez gardés à vue, mais un domestique sera mis à vos ordres. Je vais faire tendre un rideau en toile à voile devant le poste à canons qui vous servira de prison, afin que vous ne soyez pas fatigués par la curiosité des matelots. Quant à votre ration, j’aurai soin de vous faire traiter en officiers.

— Merci mille fois, M. le lieutenant, dit Béniowski, vous êtes un homme juste… Dieu veuille que M. le commandant Cerné de Loris ait le jugement et le cœur droits comme vous les avez !

— Le commandant Cerné de Loris est le plus loyal et le plus équitable des officiers de la marine française, répondit le lieutenant.

Amen ! fit le chevalier du Capricorne qui ne savait que ce seul mot de latin à ce qu’il disait, et s’était fort réjoui quand le vicomte de Chaumont lui avait appris que son latin était grec. – Courage, général !… Le petit bonhomme vit encore ! Allons ! allons ! Il n’est pas dit que nous ne nous en tirions point avec les honneurs de la guerre !

L’intrépide coureur d’aventures était en conséquence parfaitement tranquillisé, lorsque le baron de Luxeuil jugea bon de se le faire conduire :

— Qui êtes-vous ? lui demanda-t-il.

— Un excellent maître d’escrime prêt à vous donner une leçon d’armes, M. le baron.

— Votre nom ?… et pas de mauvaises railleries !

— Mordious ! fit le Gascon, je me mets à votre diapason, mon cher Monsieur !… Il n’y a rien de sérieux dans cette causerie ; donc, j’en prends à mon aise.

— Vous êtes un exécrable bandit.

— Si vous en êtes sûr, pourquoi le demander ?