Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/47

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bon esprit de conserver le double de mon rapport et je sais à qui l’adresser.

Le capitaine de vaisseau Cerné de Loris, commandant en chef des forces navales françaises en station dans les mers de Chine, ayant fait arraisonner la frégate la Pomone, ordonna de mettre son canot à la mer et y descendit, accompagné de son chef d’état-major, du commissaire royal de la division et de deux officiers de son bord.

Sur quoi le gabier Trousseau, l’oracle du gaillard d’avant à bord de l’Aréthuse, et patron du canot de M. Cerné de Loris, fit une foule d’observations mentales, qui ne devaient pas tarder à charmer les rameurs ses camarades. Or, on voyait sur l’avant de la Pescadora un splendide dragon artificiel de provenance chinoise, en sorte qu’il put dire :

— Héler la Pomone à l’effet de bien savoir si la Jonque-au-Dragon a été prise avec tout son monde, et après, au lieu d’appeler son commandant à l’ordre, rallier ici avec une division d’officiers… Je vous dis, moi, que le commandant en chef a son idée, et j’ai aussi la mienne, comme de raison. Devine ! devinaille !

— Que vous ayez votre idée, père Trousseau, dit un des canotiers de l’Aréthuse, je ne vais pas à contre, mais je n’en ai d’aucune…

— Ni moi ! Ni moi !… Ni moi !… firent tous les autres.

— Innocents ! reprit le patron d’un air débonnaire, ils n’ont jamais réfléchi à rien de rien !… Et Nathan-la-Flibuste !… et notre Saint-Père le pape !… et Mahomet le renégat !… Si nous n’avons pas sur nos frégates une vingtaine de brasses de filin qui ait trempé quinze vendredis dans l’eau bénite, jamais le Beni-roussi ne pourra être pendu !…

— Monsieur le baron de Luxeuil, dit le chef des forces navales françaises en entrant à bord, je suis heureux de vous