Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/48

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féliciter de la promptitude avec laquelle vous avez rempli votre mission. La jonque est prise, son équipage entier est en notre pouvoir ; je ne doute pas que vous n’ayez eu soin de faire en mer une enquête préparatoire qui va, sans doute, réduire à bien peu de chose le jugement du conseil de guerre dont je vous nomme rapporteur.

— Mon rapport est prêt, répondit le baron fort rasséréné par les éloges de M. Cerné de Loris.

— Ne perdons pas des instants précieux, reprit ce dernier ; entrons en séance.

Le chef d’état-major remit au lieutenant Kerléan et au plus ancien des enseignes de la Pomone des ordres réguliers en vertu desquels ils étaient nommés juges.

Ensuite, M. Cerné de Loris ayant appris, non sans quelque surprise, que l’équipage pirate était encore sur la jonque, donna l’ordre de transférer tous les accusés à bord, et le conseil s’assembla sous la présidence du commandant en chef.

Il était composé d’un lieutenant et d’un enseigne de l’Aréthuse, de Kerléan et d’un enseigne de la Pomone. Le baron faisait office de rapporteur, le commissaire royal de greffier. Le commandement supérieur des manœuvres était dévolu, pour la durée de la procédure, à M. le chef d’état-major, qui fit larguer la remorque de la jonque dès que le transbordement des prisonniers eut été opéré. Puis, au lieu de rester en panne, les trois navires firent route sous petite voilure dans la direction du Sud-Est.

Le patron Trousseau, monté avec ses gens à bord de la Pomone, où son canot fut hissé, avait déjà repris ses homériques discours :

— Gouverner au large !… filer hors de vue de terre !… ne pas rentrer à Macao, quand c’est pour l’agrément des Chinois,