Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/50

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ports antérieurs entre un certain nombre de gens de l’un, et de l’autre bord.

Cependant, le baron de Luxeuil avait donné lecture de toutes les pièces à charge, et notamment, avec une complaisance et une satisfaction marquées, de son chef-d’œuvre de style, dont on connaît la gracieuse conclusion.

— Est-ce tout, monsieur le rapporteur ? demanda le président.

— Sans doute !… répondit le jeune capitaine de frégate.

— J’en suis désolé pour messieurs les juges, reprit le commandant Cerné de Loris ; cette affaire que je croyais élaborée avec soin, n’est éclaircie sous aucun point de vue.

— Mais, monsieur le président !… objecta vivement le baron.

— Monsieur le rapporteur, vous n’avez plus la parole ! interrompit le capitaine de vaisseau.

Luxeuil trouva plus qu’injustes les observations de M. Cerné de Loris, qui poursuivit en ces termes :

— Je m’attendais, messieurs les juges, à trouver annexé au rapport un dossier complet sur chacun des quatre-vingts prisonniers parmi lesquels doivent se trouver des innocents, lors même que leur chef serait convaincu de piraterie. Nous savons tous comment se recrutent les équipages de forbans. Le plus honnête homme du monde, par violence ou par surprise, est exposé à embarquer sur leurs navires. Ainsi, Messieurs, parmi les pièces à charge, vous avez remarqué une lettre du sieur Estève Finvallen qui dit avoir été pris et enlevé de vive force par le Saint-Pierre et Saint-Paul du capitaine Béniowski. Aurait-il fallu pendre M. Finvallen, si le Saint-Pierre et Saint-Paul avait été capturé avant son combat contre le Sanglier Batave ? Non, évidemment. Le sieur Finvallen n’est assurément pas le seul qui ait été contraint à servir avec les pirates. Je vois figurer sur la liste des accusés une femme kamchadale ; com-