Page:La Lecture, magazine littéraire, série 3, tome 12, 1899.djvu/48

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Little Billee était à peine majeur ; petit, mince, les traits fins, le front
Taffy était le gentilhomme de la bande.
droit et blanc, les yeux bleu foncé, le nez légèrement arqué à la façon des juifs, les cheveux d’un noir d’ébène, les mains et les pieds très petits, il était gracieux, bien fait de sa personne et habillé avec une correction irréprochable, qui jurait étrangement avec le débraillé de ses amis.

Little Billee, tout en dévorant son pâté, fixait attentivement, place Saint-André-des-Arts, les antiques maisons d’en face que l’on démolissait au moment où elles allaient tomber en ruines.

Par de larges brèches il voyait des vieux murs sombres, délabrés, avec des fenêtres mystérieuses et des balcons de fer rouillé qui le faisaient rêver à je ne sais quels crimes terribles du Paris d’autrefois… Une ouverture pratiquée juste au milieu du bloc, permettait d’apercevoir la Seine, la cité et la Morgue.


Sandy Le Laird travaillait à un petit torréador.
Sur la droite, les vieilles tours de Notre-Dame se découpaient nettement sur le ciel bleu très clair.

Avec l’aide de son imagination, Little Billee se figurait voir se dérouler devant lui la ville tout entière, et le regard avide de cette chose nouvelle qui avait longtemps hanté son cerveau, excité sa curiosité, en silence, il contemplait ce Paris ! Paris !! Paris !!! dont le seul nom avait toujours eu le don de l’ensorceler. Et voilà