Page:La Madelène - Le comte Gaston de Raousset-Boulbon, sa vie et ses aventures, 1859.djvu/107

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pour armer les milices demeurèrent sans effet. Tous disaient : « Qu’avons-nous à faire d’aller nous battre pour les mines de MM. Cuvillas et Blanco, contre des gens qui viennent ici pour travailler ! »

Le gouvernement ne comptait pour lui que des soldats, l’aristocratie que des clients, des créatures, des mercenaires et des Indiens fanatisés. Quiconque avait le sentiment du bien public et l’instinct de la liberté faisait ouvertement des vœux pour le triomphe des Français.

Le séjour de la compagnie à la Madelaine n’avait pas eu pour seul but de montrer les Français aux Sonoriens ; la nécessité de cacher la marche véritable de la troupe y était pour beaucoup. Prévenu à temps, le général Blanco aurait pu se fortifier dans Hermosillo, et M. de Raousset voulait y arriver aussitôt que lui. La Madelaine forme le point de jonction de trois chemins ; l’un monte au nord et gagne Arispe par Santa Cruz ; l’autre aboutit au même lieu par un passage difficile, mais plus direct ; le troisième enfin descend sur Hermosillo à travers les plaines.

Incertain sur les mouvements de son adversaire, le général était forcé de demeurer immobile dans Arispe, à cinquante lieues d’Hermosillo.

Le 6 octobre, dans la soirée, la compagnie quitta la Madelaine et prit à marches forcées la route du sud. Cette route conduit également à Ures et à HermosiUo. De son côté, le général Blanco descendit d’Arispe, afin de couvrir celui de ces deux points que menaceraient les Français. Des bruits répandus à dessein firent penser qu’ils attaqueraient Ures. Quand le général fut informé du contraire, la compagnie, continuant sa marche rapide, avait gagné sur lui l’avantage d’une journée. Désormais,