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Page:La Madelène - Le comte Gaston de Raousset-Boulbon, sa vie et ses aventures, 1859.djvu/110

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XIII

La marche sur Hermosillo (52 lieues espagnoles) fut accomplie en sept jours. Elle donna la preuve d’une grande énergie morale ; la plupart des volontaires marchaient pieds-nus ; pas un ne se plaignit, pas un traînard ne quitta la colonne. Le 13 octobre, dans l’après-midi, elle campait au rancho de l’Alamito. Hermosillo n’était plus qu’à six lieues.

Ces hommes attristés par une longue période d’ennuis, d’oisiveté, de fatigues, de misères, semblaient se réveiller d’un lourd sommeil ; la gaieté revenait sur les visages ; l’espérance rentrait dans les cœurs ; un jour de plus, et l’avenir de la compagnie serait réglé ! On dormit peu, l’attente du lendemain causait une impatience fébrile.

Dans la nuit même, avant quatre heures du matin, la colonne reprit sa marche. À moitié chemin d’Hermosillo, elle joignait la route d’Ures. La poussière était couverte de traces de chevaux et d’hommes ; les troupes du général Blanco venaient de passer là. On y distinguait les pieds-nus des Indiens, les sandales des soldats et les roues de l’artillerie. Sur la gauche, de l’autre côté de la rivière, on apercevait de longues files d’hommes armés, marchant dans la même direction que les Français. Indiens, gardes nationaux, troupes régulières, se réunissaient dans la ville menacée.