Page:La Madelène - Le comte Gaston de Raousset-Boulbon, sa vie et ses aventures, 1859.djvu/141

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On comprendra le sentiment qui nous fait remplacer par des initiales les noms des personnes à qui ces lettres sont adressées, ces personnes occupant encore à cette heure des positions importantes et officielles.


À MONSIEUR ***, À SAN FRANCISCO.

« Lorsque vous recevrez cette lettre, j’aurai quitté la Californie, et il ne sera plus au pouvoir de personne d’empêcher mon arrivée en Sonore. Moins que tout autre, vous deviez être informé à l’avance de ce départ, parce que vous y auriez fait une formelle opposition. Au moment de prendre une décision aussi grave, je me dois à moi-même de vous en dire les motifs. Je ne veux laisser ni à l’erreur ni à la malveillance la faculté de dénaturer mes projets ni de ternir ma mémoire si je dois succomber dans mon entreprise. . . . . . . . . . . . .

Suit un rapide exposé de tous les faits que le lecteur connaît déjà. M. de Raousset termine ainsi :

« S’il faut en croire la rumeur publique, dès l’arrivée des Français à Guaymas, les autorités ont essayé de les disperser. Leur résistance toute naturelle a fait naître un conflit. Bien qu’on puisse douter de l’exactitude de cette nouvelle, je la crois assez probable pour faire de mon départ un devoir impérieux, En les attirant en Sonore, le gouvernement mexicain, comme on ne peut en douter à la lecture des instructions adressées à son consul, n’a pas eu d’autre but que de paralyser leurs moyens d’action : il est juste que ce gouvernement porte la peine de sa perfidie !

» En rendant compte de mes préparatifs, en publiant des conjectures sur mes projets, les journaux américains les ont confondus souvent avec les entreprises qualifiées de flibusterisme. Le gouvernement mexicain affecte d’y voir un acte de piraterie. Vous connaissez mes projets, Monsieur ; vous savez ce qui les distingue essentiellement de ce genre d’expéditions. Étrangers à la Sonore, nous n’avons pas le droit de