Aller au contenu

Page:La Madelène - Le comte Gaston de Raousset-Boulbon, sa vie et ses aventures, 1859.djvu/34

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

III

Nous ne suivrons pas Gaston de Raousset dans le tourbillon de cette vie parisienne dans laquelle il s’était replongé à son retour de Boulbon. Seulement nous constaterons que s’il gaspilla sa fortune en quelques mois, ce fut avec une aisance à faire pâlir les maigres prodigues de nos jours. Il faisait de son argent un emploi malheureux, mais jusqu’en cet emploi il restait l’homme de la passion, de la fantaisie, de l’imprévu. Un jour, obligé d’abandonner sa charmante villa d’Auteuil, il achète un bateau à vapeur et passe trois mois sur la Seine, avec des violons et un fin cuisinier enlevé à l’ambassade anglaise. Une autre fois, appelé à Rouen pour une affaire, il avise une jolie maison, au bord de l’eau, l’achète incontinent et l’habite jusqu’à ce que sa fantaisie s’en lasse. Un an après, ruiné à demi, il tente une entreprise industrielle, et nous le retrouvons, rue de Rivoli, à la tête du plus confortable et du plus élégant hôtel de Paris : et ainsi de suite jusqu’en l’année 1845.

Nous retrouvons dans ses papiers une grande quantité de vers qui remontent à cette époque tourmentée, inquiète, où son activité fiévreuse se consume stérilement sur elle-même. La plupart sont des vers d’amour et n’ont pas un caractère bien accusé. Çà et là cependant se rencontrent quelques strophes d’un sentiment profond et qui nous ont paru dignes d’être conservées.