Page:La Madelène - Le comte Gaston de Raousset-Boulbon, sa vie et ses aventures, 1859.djvu/36

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Une autre fois, il tire son horoscope. La pièce entière est très-belle ; mais nous devons nous borner à un extrait :

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Dans les rouges haillons sur ses genoux drapés,
La vieille consulta les tarots fatidiques ;
Elle lut dans ma main les lignes symboliques ;
Elle hocha la tête et puis elle me dit :

« Ce n’est pas moi qui parle, écoute ; c’est l’esprit !
» Enfant qui ne crois pas, écoute, quand ton heure
» Plaintive aura sonné comme ce vent qui pleure,
» Lorsque tu sentiras plier ton front hardi,
» Lorsque tu douteras si le ciel t’a maudit,
» Enfant, rappelle-toi la sorcière espagnole !…
» Fortune, amis, jeunesse, amours, feuille qui vole
Et que le temps emporte et qu’il ne rend jamais,
» Bientôt tu perdras tout !
— Des jours que tu rêvais,
» Des soleils appelés par ton âme ravie
» Peut-être les rayons luiront-ils sur ta vie
» Peut-être vers le soir, lorsque la trahison,
» La faim, la soif, le feu, le fer et le poison
» Se seront émoussés sur ton corps et ton âme,
» Alors, si ton grand cœur n’a pas perdu sa flamme,
» Si, mille fois trompé, tu conserves la foi,
» Si tu luttes encor… enfant ! tu seras roi !…

» Peut-être !… mais avant, ta tête qui s’incline
» Aura longtemps saigné sous le bandeau d’épine !
» Tu souffriras !… hélas ! chacun pourra te voir,
» Comme la grappe mûre est jetée au pressoir,