Page:La Madelène - Le comte Gaston de Raousset-Boulbon, sa vie et ses aventures, 1859.djvu/96

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ne dise : La vérité est là ! là sont les informations, les déclarations que vous me demandez ?

» L’émigration française en Sonore était attendue comme un bienfait par les populations de ce pays, elle était approuvée par le gouvernement central, par M. Blanco, par vous, par tous.

» C’est alors que vint la première expédition, conduite par M. de Pindray : on la reçut avec enthousiasme, on lui donna des chevaux, des mules, des bœufs, des terres, des vivres ; on ne lui demanda pas de renier sa nationalité : on la laissa libre et respectée.

» Mais alors il n’était pas question d’Arizona, de ses mines d’argent, d’un vaste monopole à établir dans la Sierra. La compagnie Barron, enfin, n’avait pas encore formé la ligne puissante dont chaque nom est bien connu de toute la Sonore.

» Nous sommes venus ! mais, par une fatalité imprévue, nous arrivons ici pour y prendre légalement possession, en vertu du droit et des lois, du minéral d’Arizona concédé à la compagnie Restauradora, dont la compagnie Barron s’empare, au mépris de toute justice, sous la protection, sous les armes du commandant général lui-même.

» Comme nous n’avons donné aucun sujet de plainte, après quatre-vingt-seize jours d’épreuve, on ne peut nous dire encore : sortez de ce pays. Mais chaque jour apporte un acte nouveau, une entrave imprévue, mie tracasserie habile, une exigence intolérable, chaque jour, enfin, on nous fait faire un pas de plus vers le découragement et vers une retraite volontaire.

» Je ne m’abuse plus, Monsieur le gouverneur, je ne veux pas me prêter plus longtemps à une comédie qui ferait croire à ma faiblesse, Je ne demande plus qu’au bon sens public un appui, une protection, une sympathie que les autorités nous refusent.

» Nous vivons dans un siècle où la vérité perce tous les voiles et triomphe du temps comme de l’espace. L’opinion publique n’est plus celle d’un pays : elle embrasse le monde. Je possède assez de documents,