Page:La Messaline française, 1789.djvu/19

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Comme tu vois, mon ami, l’infidélité commence à se glisser dans mon cœur. J’oublie la princesse pour suivre deux inconnues, peut-être deux courtisanes ; mais bientôt une conversation soutenue avec esprit de leur part, des manières du grand monde, un ton de la meilleure société, tout me fait juger que ce sont deux femmes comme il faut.

Une d’elles, celle dont la voix m’avait si vivement affecté, me plût plus que l’autre ; c’est à elle que j’adressais le plus souvent la parole ; c’était pour elle qu’étaient tous les propos flatteurs et galants. Deux heures que nous passâmes ensemble s’écoulèrent comme un songe.

Minuit sonne ; elles parlèrent de se retirer. J’offris de les reconduire, ce qu’elles refusèrent formellement, me défendant même de les suivre.

Je les voyais partir avec douleur, je tenais la main de celle qui venait de me subjuguer en si peu de temps, je la pressai dans la mienne, j’y appliquai mes lèvres brûlantes