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Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/11

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qui avançoit à pas de géant dans la carriere des sciences, souffrit de cette jaloufie, & sa vivacité l’y rendit trop sensible.

Il traduisit à Saint-Malo les aphorismes de Boerhaave, la matiere médicale, les procédés chymiques, la théorie chymique, & les institutions du même auteur. Il publia presque en même temps un abrégé de Sydenham. Le jeune médecin avoit appris, par une expérience prématurée, que pour vivre tranquille, il vaut mieux traduire que composer ; mais c’est le caractere du génie de s’échapper à la réflexion. Fort de ses propres forces, si je puis m’exprimer ainsi, & rempli des recherches de la nature qu’il faisoit avec une dextérité infinie, il voulut communiquer au public les découvertes qu’il avoit faites. Il donna son traité sur la petite vérole, sa médecine pratique, & six volumes de commentaires sur la physiologie de Boerhaave : tous ces ouvrages parurent à Paris, quoique l’auteur les eût composés à Saint-malo. Il joignoit à la théorie de son art une pratique toujours heureuse ; ce qui n’est pas un petit éloge pour un médecin.

En 1742, M. la Mettrie vint à Paris, attiré par la mort de M. Hunault, son ancien maître : les fameux Morand & Sidobre le placerent auprès du duc de Grammont, & peu de jours après ce seigneur lui obtint le brevet de médecin des gardes ; il accompagna ce duc à la guerre, & fut avec lui à la bataille de Dettingue, au siege de Fribourg & à la bataille de Fontenoi, où il perdit son protecteur, qui y fut tué d’un coup de canon.

M. la Mettrie ressentit d’autant plus vivement cette perte, que ce fut en même temps l’écueil de sa fortune. Voici ce qui y donna lieu. Pendant la campagne de Fri-