Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/10

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En 1725, il étudia la physique au college d’Harcourt, & y fit de grands progrès. De retour en sa patrie, le sieur Hunault, médecin de Saint-Malo, lui conseilla d’embrasser cette profession ; on persuada le pere ; on l’assura que les remedes d’un médecin médiocre rapporteroient plus que les absolutions d’un bon prêtre. D’abord le jeune la Mettrie s’appliqua à l’anatomie ; il disséqua pendant deux hivers ; après quoi il prit en 1725, à Rheims, le bonnet de docteur, & y fut reçu médecin.

En 1733, il fut étudier à Leyde sous le fameux Boerhaave. Le maître étoit digne de l’écolier, & l’écolier se rendit bientôt digne du maître. M. la Mettrie appliqua toute la force de son esprit à la connoissance & à la cure des infirmités humaines, & il devint grand médecin dès qu’il voulut l’être. En 1734 il traduisit, dans ses momens de loifir, le traité de feu M. Boerhaave, son aphrodisiacus, & y joignit une dissertation sur les maladies vénériennes, dont lui-même étoit l’auteur. Les vieux médecins s’éleverent en France contre un écolier qui leur faisoit l’affront d’en savoir autant qu’eux. Un des plus célebres médecins de Paris lui fit l’honneur de critiquer son ouvrage (marque certaine qu’il étoit bon). La Mettrie répliqua, & pour confondre d’autant plus son adversaire, en 1736 il composa un traité du vertige, estimé de tous les médecins impartiaux.

Par un malheureux effet de l’imperfection humaine, une certaine basse jalousie est devenue un des attributs des gens de lettres ; elle irrite l’esprit de ceux qui sont en possession des réputations contre les progrès des génies naissans : cette rouille s’attache aux talens sans les détruire, mais elle leur nuit quelquefois. M. la Mettrie,