Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/125

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î5 E l’Ame. logi

la lumière ? Elles ne peuvent donc être regardées comme des propriétés des corps. L’ame juge confufémcnt des goûts , qui ne lui manifeilent pas même la figure des Tels.

Je dis plus : on ne conçoit pas mieux les premières gualitcs des corps. Les idées de ’grandeur, de dureté, &c. ne font déterminées que par nos organes. Avec d’autres fcns , nous aurions des idées dificrentes dts mêmes attributs, comme avec d’autres idées nous penferiôns autrement que nous ne penfons de tout ce qu’on appelle ouvrage de génie ou de fentim.ent. Mais je réferve à parler ailleurs de cette matière.

Si tous les corps avoient le même mouvement, la même figure, la même denfiré , quelque difFérens qu’ils rulTerit d’aiUcui ;s entr’eux , il fuit qu’on croiroit qu’il n’y a qu’un feul corps dans la nature, parce qu’ils afîidtroieat tous de la même manière l’organe lénlitif

Nos idées ne viennent danc pas de la connoif- .fance des propriétés des corps, ni de ce en quoi confifte le changement qu’éprouvent nos organes. Elles fe forment par ce changement feul. Suivant fa nature , & fes dégrés , il s’eleve dans notre ame des idées qui n’ont aucune liaifon avec leurs caufes occafionnelles & : efficientes , ni fans doute avec la voioiîté , malgré laquelle elles fe font place