Aller au contenu

Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/144

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ii8 Traité

ccile que produit quelque caufe externe , il doit fc f jrmer la mêm ? idée , quoiqu’il n’y ait aucune caufe prefcute au dehors : c’eil pourquoi les objets de î’im,^ g : nation font appelles fantômes , ou fpedres, > >

Les fens intm-nes occafionnent donc comme les externes, deschangem :ns de penfées ; ils ne diifcrenc les uns d :s autres , ni par la façon dont on penfe, qui ell toujours la même pour tout le monde , ni par le changement quife fait dans lefenforium^ mais par la feule abfence d’objets externes. 11 eft peufurprenantqueles caufes internes puifTent imiter les caufes extérieures, comme on le voit en fe preîfant l’œil ( ce qui change îi fingulierement la vifion) dans les fonges , dans les imaginations vives , dans le délire , &c.

L’imagination dans un homme fain eft plus foible que la perception des fenfations externes ; & à dire vrai , elle ne donne point de vraie perception» J’ai beau imaginer en palTant la nuit fur le Pont-neuf, la magnifique perfpcélive des lanternes allumées, je n’en ai la perception que lorfque mes yeux en font frappés. Lorfqise je penfe à l’cpéra, à la comédie, à l’amour, qu’il s’en faut que l’éprouve les fenfations de ceux qu’enchante làleM ?.nre, ou qui pleurent avec Mérope , ou qui font dans les bras de leurs maîtreffes ! Mais dans