Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/15

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à la métaphysique, & il fit un traité de la Dyssenterie & un autre de l’Asthme, les meilleurs qui aient été écrits sur ces cruelles maladies. Il ébaucha différens ouvrages sur des matieres de philosophie abstraite qu’il s’étoit proposé d’examiner ; & par une suite des fatalités qu’il avoit éprouvées, ces ouvrages lui furent dérobés : mais il en demanda la suppression aussitôt qu’ils parurent.

M. la Mettrie mourut dans la maison de milord Tirconnel, ministre plénipotentiaire de France, auquel il avoit rendu la vie. Il semble que la maladie, connoissant à qui elle avoit à faire, ait eu l’adresse de l’attaquer d’abord au cerveau, pour le terrasser plus sûrement : il prit une fievre chaude avec un délire violent : le malade fut obligé d’avoir recours à la science de ses collegues, & il n’y trouva pas la ressource qu’il avoit si souvent, & pour lui & pour le public, trouvée dans la sienne propre.

Il mourut le 11 de novembre 1751, âgé de 43 ans. Il avoit épousé Louise-Charlotte Dréauno, dont il ne laissa qu’une fille, âgée de cinq ans & quelques mois.

M. la Mettrie étoit né avec un fond de gaieté naturelle, intarissable ; il avoit l’esprit vif & l’imagination si féconde, qu’elle faisoit croître des fleurs dans le terrein aride de la médecine. La nature l’avoit fait orateur & philosophe ; mais un présent plus précieux encore qu’il reçut d’elle, fut une ame pure & un cœur serviable. Tous ceux auxquels les pieuses injures des théologiens n’en imposent pas, regrettent en M. la Mettrie un honnête homme & un savant médecin.