Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/164

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14S Traité

outre qu’ils ont beaucoup moins d’idées , ils n’ont guère d’auttes exprelfions que celles du langage affedif dont j’ai déjà parlé. Cette difecte vient-elle du vice des organes ? Non , puifque les perroquets redifent les mots qu’on leur apprend , fans en favoir la lignification , & qu’ils ne scn fervent jamais pour rendre leurs propres idées. Elle ne vient point aulïi du défaut d’idées, car ils apprennent à diftinguer la diverfité des perfonnes , & même des voix , & nous répondent par des geftes trop vrais , pour qu’ils n’expriment pas leur volonté.

Quelle différence y a-t-il donc en notre faculté’ de difcourir , & celle des bêtcs ? La leur fc fait entendre , quoique muette , ce font d’excellents pantomimes ; la nôtre eii verbeufe , nous fommes fouvent de vrais babillards.

Voilà d(is idées & des fignes d’idées qu’on ne peut refufer aux bétes , fans choquer le fens commun. Ces figne.î font perpétuels , intelligibles à tout animal du même genre, & même d’une efpece différente, puifqu’ils le font aux hommes même. Je fais auffi certainement, dit Lamy,(i) qu’un perroquet a de la connoiffance , comme je fais qu’un étranger en a ; les mêmes marques qui font (i) Difc. Anat. p. 226.