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Traité

les ſons dont on frappe leurs oreilles, & cela avec tout auſſi peu d’intelligence l’un que l’autre. Admirable effet de l’union des ſens externes, avec les ſens internes ; de la connexion de la parole de l’un, avec l’ouie de l’autre, & d’un lien ſi intime entre la volonté & les mouvemens muſculeux, qu’ils s’exercent toujours au gré de l’animal, lorſque la ſtructure du corps le permet ! L’oiſeau qui entend chanter pour la première fois, reçoit l’idée du ſon ; déſormais il n’aura qu’à être attentif aux airs nouveaux, pour les redire (ſur-tout s’il les entend ſouvent) avec autant de facilité que nous prononçons un nouveau mot anglois. L’expérience[1] a même fait connoitre qu’on peut apprendre à parler & à lire en peu de[2] temps à un ſourd de naiſſance, par conséquent muet ; ce ſourd qui n’a que des yeux, n’a-t-il pas moins d’avantage, qu’une perruche qui a de fines oreilles ?

§. IV.

De la pénétration & de la conception.

Il nous reſte à expoſer deux autres facultés qui

  1. Voy. Amman, de loquelo. p. 81 & 103.
  2. Deux mois, Amman. 31.