Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/175

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l’avertir qu’il ne rient qu’à elle d’être heureafe un petit moment : & li la nature , lorfqu’elle s’e'veille, eft prête à trahir fa première volonté , alors une autre volonté nouvelle s’ékvt dans Tame , & fuggere à la nature les plus courts moyens de fortir d’un état urgent, pour s’en procurer un plus agréable, dont on va fe repentir, fuivant Tufage , & comme il arrive fur-iout à la fuite des plaifirs pris fans befbin.

Voilà l’homme , avec toutes les illufions dont il eft le jouet, & la proie. Mais li ce n’eft pas fans plaifir que la nature nous trompe & nous égare , qu’elle nous trompe toujours ainfi. Enfin rien de fi borné que l’empire de l’ame fur îe corps, & rien de fi étendu que l’empire du corps fur l’ame. Non-feulement l’ame ne connoit pas les mufclcs qui lui obéiiTent, <Sc quel eft fon pouvoir volontaire fur les organes vitaux : mais elle n’en exerce jamais d’arbitraire fur ces mêmes organes. Que dis-je ! elle ne fait pas même fi la volonté eft la caufe efficiente des aclions mufculeufes, ou finipîement une caufe occafionnelle , mife en jeu par certaines difpofitions internes du cerveau , qui agilTent fur la volonté , la rem.uent fecrétement , ëz la déterminent de quelque manière que ce foir. Staahl penfe différemment ; il donne à l’ame, comme on l’a infinué , un empire abfolu ; elle produit tout chez lui , jufqu’aux hémorrhoïdes. Voyez fa