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dans les motifs qui doivent nous décider à agir , on à ne pas agir , il eft clair que cette décifion n’eit encore qu’un jugement de la même nature que celui qu’elle fait lorfqu’elle cède à la ve’rité par l’évidence qui accompagne ks fenfations. Nous ne connoifTons point ce qui fe pafle dans le corps humain , pour que l’ame exerce fa faculté déjuger, de raifoimer, d’appercevoir, de fentir, &c. Le cerveau change fans ceffe d’état , les efprits y font toujours de nouvelles traces, qui donnent nécelTairemcnt de nouvelles idées, & font naître dans l’ame une fuccelfion continuelle & rapide de diverfes opérations. Pour n’avoir point d’idées , il faut que les canaux , où coulent ces efprits , foient entièrement bouchés par la prellion d’un iommcil très-profond. LeS fibres du cerveau fe relevent-elies de leur aff’iiiTcment ? Les efprits enfilent les chemins ouverts, & les idées qui font inféparables des efprits, marchent & galopent avec eux. Toutes Us pen/ées , comme l’obferve judicicufement Croufaz , naljfent les unes des autres ; la penfée ( ou plutôt l’ame dont la penfée n’eft qu’un accident )/é varie & pdjfe par diff’crens états ; & fuivant la variété de [es états & de Jes manières d^étre^ ou de p enfer ^ die parvient à la cunnocjfancc , tantôt d’une choje, tantôt d’une autre. Elle fcfent elle-même , elle cjî à ellc-mémi fon objet immédiat] (S* enfejentant