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DE l’Ame. 189

de déduire affirmativement , ou négativement , de la convenance , ou de la difconvenance de ces id^es. Cela Te fait dans un clin-d’œil , quand ( n voit clair , c’eft-à-dire , quand on a de la pénétration, du difcerncment, & de la mémoire. Les fots raifonnent mal , ils ont fi peu de mémoire , qu’ils ne fe fouviennent pas de l’idée qu’ils viennent d’appercevoir ; ou s’ils ont pu juger de la fimilitude de leurs idées, ils ont déjà perdu de vue ce jugement, lorfqu’il s’agit d’en inférer une troifieme idée , qui foit la juile conféquence des deux autres. Les fous parlent fans liaifon dans leurs idées , ils révent , à proprement parler. En ce fens les fots font des efpeces de fous. Ils ne fe rendent pas juflice Je croire netre quignorans ; car ils n’ont leur efprit qu’en amour - propre , dédommagement bien entendu de la part de la Bature.

Il s’enfuit de notre théorie , que lorfque l’ame apperçoit diflinclement & clairement un objet , elle eft forcée par l’évideHcemême des fenfations , de confentir aux vérités qui la frappent li vivement : & c’eil à cet acquiefcement pallif , que nous avons donné le nom de jugement. Je dis pajjif ^ pour faire voir qu’il ne part pas de l’action de la volonté, comme le dit Defcartes. Lorfque l’ame découvre avec la même lumière les avantages qui prévalent