Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/208

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192. Traité

CHAPITRE XIV.

Que la foi feule peut fixer noire croyance fur la nature de l’ame raifonnahlc.

L eft démontré que l’ame raifonnable a des 

fondions beaucoup plus étendues que l’ame fenfitive, bornée aux connoiflances qu’elle peut acquérir dans les bêtes, où elle eft uniquement réduite aux fcnfations & aux perceptions fenfibîes , & aux déterminations machinales , c eft - à - dire , fans délibération qui en réfultent. L’ame raifonnable peut en effet s’élever jufqu’aux perceptions, ou aux idées intelleduelles , quoiqu’elle jouifle peu de cette noble prérogative dans la plupart des hommes.. Peu , ( c’eft un aveu que la vérité ne m’arrache pas fans douleur ) peu fortent de la fphere du monde fenfible , parce qu’ils y trouvent tous les biens , tous les plaifirs du corps , & qu’ils ne fentent pas l’avantage des plaifirs philofophiques , du bonheur même qu’on goûte tant qu’on s’attache à la recherche de la vérité, car l’étude fait plus quela/>ieVe ; non -feulement elle prefene de V ennui ^ mus elle procure fouvent cette efpece de volupté, ou plutôt de fatisfaction intérieure , que j’ai appelée fenfations d’efprit , lefquelles fans doute font fort du goût de l’amour-proprc.

Après