Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/224

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2o8 Traité

une titillation , qui leur fait diflinguer l’air ’ fb-» îiore de celui qui ne l’eft pas , & leur apprend qu’ils parlent , quoique d’une voix rude & groifiere , qui ne s’adoucit que par l’exercice & : la répétition des mêmes fons. Voilà l’origine d’u ;ie fenfation qui leur étoit inconnue ; voiB le modèle de la fabrique de toutes nos idées. Nous n’apprenons nous-mêmes à parler , qu’à force d’imiter les fons d’autrui , de ]es comparer avec les nôtres , &c de les trouver enfin refilmblans. Les oiieaux , comme on l’a dit ailleurs , ont la même faculté que no’.is , le même rapport entre les deux organes, celui de la parole , & celui de l’ouïe.

Un fourd donne de la voix, qu’elle qu’elle foit , dès la première leçon d’Amman. Alors tandis que la voix fe forme dans le larinx,on lui apprend à tenir la bouche ouverte , autant , & non plus qu’il faut pour prononcer telle ou telle voyelle. Mais comme ces lettres ont toutes beaucoup d’affinité eritr’elles , & n’exigent pas dts mouvemens fore difFtrens, les fourds , & même ceux qui ne le font pas’ , ne tiennent pas la bouche précifement ouverte au point néceflaire ; c’ell pourquoi ils fe trompent dans la prononciation : mais il faut applaudir cette méprife , loin de la relever , parce qu’en tâchant de repeter la même faute ( qu’ils ne connoiiïent pas ) . ils en font une plus heurcufe & donnent enfin le fon qu’on demande. Une