Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/225

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DE l’Ame. 209

Une phyfionomie fpiriruelle, un âge tendre, (i) ks organes de la pardîe bien conditionnes , voilà ce qu’x'^mman exige de fon difciple , & il preTere Thyver aux autres faifons , parce que l’air , condçnfé par le froid , rend la parole des fourds beaucoup plus fenfible à eux-mêmes. Notre cerveau eft originairement une maiTe informe , fans nulle idée ; il a feulement la faculté d’en avoir, il les obtient de l’éducation , avec la puifTancc de les lier , & de les combiner enfcmble. Cette éducation conlifte dans un pur mécaniOiie , dans l’adion de la parole de l’un, fur l’ouïe de l’autre, qui rend les mêmes fons , & apprend les idées arbitraires qu’on a attachées à ces fons : ou pour ne pas quitter nos fourds , dans l’impreffion de l’air & des fons qu’on leur fait rendre à eux-mêmes machinalement , comme je lai dit , fur leur propre nerf acouftique , qui eft une des cordes, fi l’on me permet de m’exprimer ainfi , à la faveur defquelies ks fons & les idées vont fe graver dans la fubllance médullaire du cerveau , & jettent ainfi les premières femences de l’efprit & de la rai fon.

(i) Depuis huit ans jufqu’à quinze. Plus jeunes, ils font trop hardis , & ne Tentent pas l’utihté de ces leçons ; plus vieux , leurs organes font engourdis. Tomç L