Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/42

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i6 -Discours

ce magnifique fyftême de la religion , digne fujct d’un poëme épique ? Qui vous biime d’avoir pris les hommes par leur foible , tantôt en ts piquant ^ comme^ dit Montagne , en les prenant a l’amorce de la plus flatteufe efpe’rance ; tantôt en les tenant en re(| :;ecl par les plus effrayantes menaces ? On vous accorde encore , fi vous voulez , que tous ces bourreaux imaginaires de l’autre vie font caufe que les nôtres ont moins d’occupation : que la plupart des gens du peuple n’évitent une de ces (i) manières de sèliver dans le monde , dont parle le docteur Swift, que parce qu’ils craignent les tourments de l’tnfcr.

Oui , vous avez raifon , magiflrats, miniftrcs, législateurs, d’exciter les hommes par tous les moyens polhbles, moins a faire un bien dont vous vous inquiétez peut-être fort peu , qu’à concourir à l’avantage de la fociété , qui eft votre point capital , puirque vous y trouvez votre fureté. Mais pourquoi ne pas nous accorder, aulîi avec la même candeur & la même impartialité , que des vérités ipéculatives ne font point dangereufes, &que quand je prouverai que l’autre vie efl une chimère, cela n’empêchera pas le peuple d’aller fon train , de refpeîler la vie & la bourfe des autres, & de croire aux préjugés les plus ridicules , plus que je (i) La potence.