Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/44

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àS Discours

mais elles font réglées , & pour ainfi dire , circonfcrites par le coi-npas même de la fagcfTe ; c’eft pourquoi elle-î peuvent bien le porter à la volupté, ( eh ! pourquoi fe refuferoit-il à ces érincellcs de bonheur , à ces honnêtes & charmants plaifirs , pour Icfquels on diroit que fes fens ont été viliblement faits ? ) mais elles ne l’engageront ni dans le crime, ni dans le défordre. Il fcroit bien fâche qu’on pût accufer fon cœui ;,4^ ^c reifentir de la liberté, ou fi Ton veut, de la licence de fon cfprit. N’ayant pour l’ordinaire pas plus à rougir d’un côté que de l’autre ; modèle d’humanité, de candeur, de douceur, de probité, en écrivant contre la loi naturelle , il la fuit avec rigueur ; en difputant fur le julle, il i’eiî : cependant vis-a-vis de la fociété. Parlez, âmes vulgaires, qu’exigez-vous de plus ?

N’accufons point les philofophes d’un défordre dont ils font pref-jue tous incapables. Ce n’efl véritablement , fuivant la réflexion du plus bel efprit de nos jours , ni Bayle , ni Spinofa , ni Vanini , ni Hobbes , ni Locke & autres metaphyliciens de la même trempe ; ce ne font point aulfi tous ces aimables & voluptueux philofophes de la fabrique de Montagne , de Saint-Evremond ou de Chaulieu , qui ont porté le flambeau de la difcorde dans la patrie ; ce font des théologiens , cfprits turbulents qui font la guerre aux hommes , peur fervir un dieu de paix.