Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/45

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Préliminaire. 29

Mais tirons le rideau fur les traits les plus affreux de notre hiftoire . 6c ne comparons point le fanatifme & la pnilofophie. On fait trop qui des deux a armé divers fujets contre leurs rois, nonîtrcs vomis du fond des cloîtres par l’aveugle fliperftitîon , plus dangereufe cent fois , comme Eayîe Fa prouvé, que le deifmeouméme l’athéifme, fyfiévries égaux pour la fociété , nullement blâmables, quand ils font l’ouvrage non d’une aveugle débauche , mais d’une réflexion éclairée : mais c’eft ce qu’il m’importe de prouver en paîTant. N’eil-il pas vrai qu’un déifie ou un athée comme tel , ne fera point à autrui ce qu’il r.e vcudroit pas qu’on lui fit, de quelque fource que parte ce principe, que je crois rarement naturel y foit de la crainte, comme l’a voulu Hohbes, foit de l’amour propre qui paroit le principal moteur de ncs adions ? Pourquoi ? parce qu’il n’y a aucune relation ■ néctffaire entre ne croire qu’un dieu , ou n’en croire aucun , & être un mauvais citoyen. De-là vient que dans rhifloirc des athées, je n’en trouve pas un fcul qui n’ait m.érité des autres ce de fa patrie. Mais li c’eft l’humanité même, fi c’eft ce fentiment inné de tendrefle qui a gravé cette loi dans fon cœur , il fera humiin , doux , honnête, affable, généreux, définréi tlTé , il aura une vraie grandeur d’ame, & il réunira en un mot toutes les qualités de f honnête homme, avec toutes les vertus fociales qui le fuppofent.